mercredi 29 septembre 2010

Les pieds dans l'Olvig 08 – L'Île des esclaves par Ici et maintenant théâtre

Ce soir, je me suis fait ma rentrée théâtrale. Comme en début de saison je n'aime pas être trop chahuté, je suis allé voir un bon vieux Marivaux joué par des gens que je connais, histoire que le terrain me paraisse familier et que je me sente à mon aise... Incrédule que j'étais !

La Compagnie Ici et maintenant théâtre, je la connais parce que je connais plusieurs de ses membres et parce que j'ai vu plusieurs de leurs spectacle. Cette compagnie chalonnaise est dirigée avec talent par Christine Berg, grand nom de la scène culturelle champenoise, et a décidée nous présenter au Conservatoire de Reims (mais c'est aussi un des spectacles qui représentaient la région cet été en Avignon) une nouvelle adaptation de l'Île des esclaves de Marivaux, donc.

Servi par une distribution juste et efficace : un Pascal Adam plutôt bon en maître de cérémonie, un Vincent Parrot tout en chaloupements et en énergie joviale, un Laurent Nouzille joliment paré de sobriété et d'élégance, une Mélanie Faye en retenue charmante et, la plus belle des révélations, une Gisèle Torterolo dotée d'une force, d'une virtuosité et d'une justesse... admirables ; monté autour d'une scénographie curieuse mais qui impose une vraie interprétation de l'univers de l'auteur (des îlots se mouvant au besoin de chaque scène... Quatre îlots, quatre identités fortes, quatre solitudes ?) ; rythmé par une musique qui tient le spectateur en éveil et une lumière tenant un vrai rôle dans la narration ; c'est un spectacle vraiment agréable à suivre que cette Île...

Là où se pose la petite gène, c'est que c'est une pièce étrange pour un Marivaux. Dans cette histoire de travestissement des maîtres en servants et des serviteurs en petits chefs, point de "marivaudage", pas mal de critique du pouvoir, un peu de morale mais aussi un joli lot de pessimisme sur le monde. La pièce est ce qu'elle est, c'est sans surprise pour quiconque à étudié le dramaturge du XVIIIème au lycée. Mais l'interprétation, les choix qui ont été faits dans la mise en scène sont plutôt sombres. Apparemment, aucune issue pour quelque personnage que soit, nul salut pour personne quelque soit sa place dans le monde. Les soubrettes resteront des soubrettes, les dirigeants garderont leur place et quoi qu'on fasse, on ne peut changer cela. Notre place demeurera celle que le destin et la société nous ont donné. Je trouve ça plutôt triste. Peut-être trop réaliste pour le gosse rêveur que je suis encore un peu.

Force est de constater que Marivaux a encore fait mouche. Deux siècles et demi après, son œuvre fait encore réagir, réfléchir et n'a pas uniquement pour but de divertir. Christine Berg a peut-être tout compris, en fait : le texte se suffit à lui même pour le bouillonnement des méninges, reste à fabriquer du spectacle autour de la philosophie, et c'est ce qu'elle a fait.

Sincèrement, n'hésitez pas à aller voir ce spectacle au Conservatoire de Reims jusqu'au 1er octobre (c'est complet niveau réservation, mais n'hésitez pas à vous présentez à la billetterie, au cas où il y aurait des désistements, j'ai pu le voir comme ça, ce soir, perso !) ou encore dans d'autres salles de la région. Vous y passerez un moment plus qu'intéressant.

P.S. : Comme je n'ai pas trouvé de lien concernant les autres dates, je me permets de vous les mettre, rapido, à la discrète...
19/10/10 – Saint-André-les-Vergers (10) ; 7/12/10 – Langres (52) ; 09 et 10/12/10 – Troyes ; 16/12/10 – Charleville-Mézières (08) ; 17 et 18/12/10 – Rethel (08) ; 21/01/11 – Vrigne-aux-bois (08) ; 05 et 06/04/11 – Chaumont (52) ; du 12 au 15/04/11 – Clermont-Ferrand (63) ; 06/05/11 – Revin (08).
Pour plus d'infos, contactez la compagnie (vus trouverez des liens ici)

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