jeudi 9 décembre 2010

J'aime le son de l'Olvig, le soir au bout de la rue...


Je n'ai pas pour habitude de faire des billets d'humeur dans ce blog. Je trouve ça d'ailleurs peu constructif, trop intime pour être intéressant, infiniment improductif artistiquement parlant, en général. Mais ce soir, j'ai préféré craché sur mon pseudo pédantisme de mauvais aloi et je me permets ça : faire un texte pas intello, pas narratif, juste témoin d'une soirée.

En cette période un peu bâtarde pour ma gueule, où je me trouve perdu entre découverte d'un nouveau microcosme professionnel et cette magnifique période des trente glorieuses où tout le monde s'apprête à festoyer pour se faire du bien, montrer aux autres qu'on les aime, célébrer la naissance du Christ, gna gna gna... (les baffles de mon nouveau lieu de travail diffusant en permanence des chants de Noël, j'ai depuis 48 heures des envies de meurtres sur le premier petit chanteur qui croisera ma route !) Il y a des moments, surtout en soirée, où l'appel de la légère ivresse se fait tendrement entendre... C'est un peu comme ce que décrit Philippe Delerm, dans son très bon et éminemment populaire Première Gorgée de Bière. Il y a des soirs, comme ça, où on a juste envie du goût doux amer d'une bonne bière, de sa fraîcheur réconfortante. Et puis l'envie de houblon amène rapidement à l'envie d'un cassage de graine sans prétention.
Du coup, en ma bonne Reims, je me suis rendu chez un basique du genre bien connu de tous mes concitoyens, les Trois Brasseurs, place d'Erlon. Cette brève restauration m'a donné envie de faire, de temps à autres, un peu comme le héros du magique et fantastique Gourmet Solitaire, un manga de Monsieur Jiro Taniguchi. Dans ce manga, pas vraiment d'histoire, juste des moments de vie où l'on suit un homme d'une quarantaine d'année durant ses comblages de trou à l'estomac. L'air de rien, ça fait un bouquin passionnant qui fout l'écume aux lèvres. Du coup, j'ai pris mon stylo, un bout de papier qui traînait dans mes poches et j'ai grattouillé mes impressions. Dans cette fausse taverne prétendue familiale, j'ai commandé une bière blanche soit disant brassé maison, j'y ai mangé un Welch au poulet et une petite assiette de frites. J'ai conclu mon repas avec une gaufre liégeoise au chocolat chaud et accompagnée de sa boule de glace vanille, en Amérique on dirait "à la mode".
La bière était irréprochable. C'était frais, à l'amertume suave. Un velours !
Le Welch, une tranche de pain frit recouvert d'un lac de Cheddar fondu et de bière, agrémenté de quelques aiguillettes de poulet. Simple, rustique, sans prétention. Suffisamment bon et riche pour ne pas avoir à se plaindre. Et je raffole du Cheddar, donc forcément, je ne peux qu'être partial. Les frites, bien que certainement sorties d'un sachet de surgelés, étaient cuites impec.
La gaufre, sans doute pas maison mais croustillante et tiède. Une sauce chocolat, ben forcément délectable... C'est du chocolat, un point c'est tout ! La glace, sans surprise. Le déca... impersonnel, mais c'est dû au simple fait que ce soit un déca. C'était nourrissant et agréable juste ce qu'il faut pour ne pas être déçu. Le seul truc un peu dérangeant était que mangé seul dans un simili Pub interloque tout le monde et que donc je me suis fait décrypté du regard par un gros quart du resto. Pourquoi diable est-ce que je me suis entêté à écrire pendant que je mangeais, en même temps !?? Fort heureusement, ma serveuse, une jeune femme blonde toute menue, avait le sourire rassurant.
Une addition d'environ 24€, raisonnable.

Sur le retour jusqu'à mon véhicule, une chanson me trottait dans la tête. Avec ma silhouette de marin pêcheur en escale avec mon manteau noir et mon bonnet, la main sur mon opinel, habitant de longue date de ma poche, je me faisais l'idée de ressembler à Hyacinthe, le tueur d'une chanson de Thomas Fersen... Du coup, chantonnage à tue-tête...


Que me faut-il pour me sentir bien après une journée de boulot bien creuvante ?
De la bière, des Frites, du Fromage, de la Châleur et du Sucre... et un peu de Thomas Fersen. Soudain, mon monde devient un rien mieux, un chouillat plus facile.
Et puis, à la discrète, je vous dirais juste de lire ces bouquins, de découvrir, si c'est pas déjà fait, ce chanteur super et j'ai fait ma première chronique sur un resto... Mine de rien...