jeudi 10 juin 2010

Les pieds dans l'Olvig 05 – Un petit point sur mes dernières sorties culturelles.

Au sortir d'une salle de ciné, après une projection nocturne, je me dis que je me dois de faire un petit point critique sur mes dernières sorties culturelles.

On va se la jouer en mode marche arrière, à la façon du Prince Dastan dans Prince of Persia, les sables du temps. Je l'ai vu ce soir, c'est donc un avis à cru. D'abord, le petit résumé d'usage : Un joli mec aux yeux grands comme le coeur(l'impec Jake Gyllenhaal), parvenu, qui se trouve être un Prince de Perse par adoption, se voit accuser du meurtre de son père adoptif, Roi de Perse donc, suite à un complot autour de l'invasion d'une ville soit disant traîtresse. Ville où se trouve une très charmante Princesse. Laquelle est une sorte de gardienne du temple d'un dague sacrée et magique qui fait retourner dans le temps... Va s'en suivre bon nombre d'aventures qui permettront au Prince de laver son honneur en dénonçant une trahison fraternelle (Ben Kingsley en méchant, plutôt pas mal !), d'être innocenter, de devenir un exemple et accessoirement de se taper la bonne meuf... euh ! Pardon, la jolie Princesse.
En dehors de son scénario plutôt très téléphoné, on passe un bon moment. On peut reprocher énormément de trucs à ce film comme l'abus de grosses ficelles d'action, comme le fait que bien que ça se passe en Perse, les personnages nous paraissent franchement caucasiens aux dents bien blanches, ou encore que les effets de musiques fonctionnent vraiment toujours comme des poncifs dont Hollywood devrait se faire un plaisir à reconsidérer une bonne fois pour toute. Mais on passe un peu au dessus de ça parce que les grosses ficelles fonctionnent, parce que les comédiens ont fait leur job honnêtement, parce qu'on sait que c'est une licence Disney, parce que c'est un réalisateur habitué du genre (Mike Newell, le directeur d'un des Potter) qui maîtrise son outil qui joue les guides pour nous, parce que qu'au fond on passe un bon moment où on ne réfléchit pas trop et parce qu'on nous prend un peu pour des idiots mais pas trop alors bon, on se sent un brin respecté, ce qui a le don de nous flatter un tant soit peu. Très sincèrement, on ne perd pas son argent en allant le voir. Juste, c'est loin d'être le film de l'année... rien de grave.


On remonte un peu dans le temps et je vous parle maintenant d'un spectacle théâtral que j'ai vu à la Comédie de Reims la semaine dernière, qui devrait tourné et surtout prendre place à Avignon, pour ceux qui visiteront le Festival 2010. Il s'agit du diptyque Le Bouc et Preparadise Sorry Now, deux pièces courtes signées par l'un des maîtres du cinéma expressionniste allemand, Môssieur Fassbinder. On y parle extrémisme et déviance dans le Bouc en abordant les réactions d'un village allemand autour de l'arrivée d'un ouvrier grec, sujet de convoitise autant que de jalousie. On y parle aussi naissance du nazisme, suppression des libertés, «gendarmisation» à outrance dans Preparadise..., sorte d'aperçu de la situation de l'Allemagne dans les années 30 au travers de scénettes par le prisme de la prostitution. Ça paraît très pompeux dit comme ça et, ne cachons pas la vérité, c'est pompeux mais pas au point de se sentir rejeté. La première pièce est très accessible par sa narration, le naturel de ses comédiens (des jeunes gens plein de talent faisant parti du Collectif Artistique de la Comédie), l'inventivité de sa scénographie, la frontalité de sa mise en scène, principalement son rapport au corps et à la nudité. Le second est peut-être moins facile, un peu plus... pas expérimental, non, plutôt conceptuel. La mise en scène est très juste, les comédiens toujours aussi excellents... non, là, les personnes ne sont pas mises en causes à mon sens, c'est plutôt le textes de Fassbinder qui semble un poil abscons. Ce qui ne passe pas forcément auprès de n'importe quel public mais qui comblera certainement les festivaliers de juillet. Reste que je suis vraiment fan des jeunes comédiens de ce Collectif comme Constance Larrieu, Déborah Marique, Sylvain Sounier ou encore Samuel Réhault. Ils ont énormément de talent et mérite vraiment toute notre attention. Dans le lot, certains vont faire parlé d'eux, selon moi. Je le sens !


Enfin, retournons encore quelques jours en arrière pour faire le point sur un film que je voulais voir à tout prix et qui m'a laisser un goût de pas assez : 8 fois debout, de Xabi Molia avec Julie Gayet et Denis Podalydès. Avec la volonté de faire un feel good movie à la française, on suit les mésaventures de deux losers qui cherchent tant bien que mal à joindre les deux bouts et à sortir dtrou qu'est leur vie. Étant adepte du genre côté ricain, tel que Juno, Little Miss Sunshine ou encore Sideways, ce projet m'excitait énormément... Bin ! Au final, il se trouve que c'est un peu mou du genoux. C'est joli, pas trop mal fichu, regardable, bien interpréter mais ça n'égale franchement pas la qualité des exemples cités plus haut. On en sort totalement indemne, ni plus heureux, ni plus instruit, ni triste... même pas mi-figue mi raisin... on s'en fout un peu, voilà tout. Ce film aurait gagner à être un peu plus punchy...

...En attendant d'autres coups de coeur ou d'autres coups de gueule, on aura au moins affuté ses goûts et puis pris l'air, aussi...

mardi 8 juin 2010

Koma : LA Grosse surprise !

Jolie découverte de la semaine.
En flânant dans les allées dans ma librairie BD favorite, j'ai craqué sur une couverture colorée. Arrivé chez moi, j'ai sombré dans des pages en noir et blanc captivantes.
Je parle de l'édition intégrale de la série Koma, signé Pierre Wazem et Frédérik Peeters, sortie en mai 2010, chez les Humanoïdes Associés.


Le titre n'est pas ragoûtant, l'œuvre l'est beaucoup plus. Là où l'on pouvait attendre un truc hyper réflexif, contemplatif, morne, j'ai trouvé une BD pleine de fantaisie, d'originalité, d'inventivité.
Sur plus de 250 pages (oui, c'est un roman graphique, pour le coup), on suit la petite Addidas Eme, fillette étrange, entre Punky Brewster et le blondinet philosophe au tigre en peluche, Calvin. La petite Addidas assiste son père dans son travail de ramoneur. Mais ce n'est pas la seule chose qui caractérise l'enfant. Elle est en effet sujette à une sorte de maladie qui la fait tombée dans un coma plus ou moins long. Ce qui ne semble pas l'inquiéter outre mesure, contrairement à son géniteur. Un beau jour, alors qu'Addidas est dans un petit boyau dans lequel elle aura été un peu trop loin, elle découvre un monde souterrain surprenant habité par les êtres qui s'occupent de nos machines, des sortes de télécommandes géantes de nos âmes et de nos corps (l'idée de génie de l'auteur, à mon sens). S'en suivent des aventures poétiques, oniriques, métaphysiques en suivant les parcours de la fillette et de son colosse "domestique" mais également du père d'Addidas, Julius Eme, un vieillard d'une énergie folle qui ne cherche qu'une chose, retrouver sa fille et la protéger.

Ce bouquin détient une certaine magie, une âme. Il y a de la profondeur sous couvert de légèreté, une fantaisie et une gaieté incroyable au-delà du noir et blanc qui pourrait paraître froid. J'y ai trouvé le charme et l'intelligence d'un film d'Hayao Miyazaki. Un scénario éclairé et inventif. Un dessin plein de charme, de sensibilité... Un tout d'une grâce qui met du baume au cœur.
J'ai adoré ce Koma. Et je suis devenu dingue du travail de Peeters.

Pour plus d'infos sur lui : frederik.peeters.free.fr
Pour voir son travail : portraitsaslivingdeads.blogspot.com, blog atypique et étonnant avec uniquement des portraits de célébrités défuntes ou en vie, vue sous un angle de mort-vivant.

lundi 7 juin 2010

Polaroïd #01 - Café clope (Une petite création de l'Olvig)

Une envie de créer, ça me vient un peu comme un besoin pressant, en général. Là, j'ai eu cette envie d'écrire des textes très courts racontant des instants de vie (drôles ou tristes, ça reste à voir !)
Je vais essayer de me tenir à cet exercice, au moins un texte par mois. Le texte ne sera jamais seul, il sera toujours accompagné de sa version audio. C'est un peu le but du jeu : écrire pour l'audio. Ce support m'intéresse pas mal, d'autant que j'y suis très novice...

Premier Polaroïd, un petit truc tout con qui s'appelle Café clope. Ca dure 11 minutes, c'est moi le lecteur. Notez que la musique en fond, discrète, est signée Serge Gainsbourg...
tilidom.com
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Bonne écoute !

N.B. : Le texte est téléchargeable gratuitement ici : Polaroïd Littéraire #01 - Café clope.pdf
...mais les droits sont réservés, sachez le ! Ah ! Les droits d'auteur...

mercredi 2 juin 2010

Les Pieds dans l'Ovig 04 - Une jolie collection de bulles

Voilà bien longtemps que je n'ai pas donné mon avis sur quoi que ce soit... Du coup, grosse critique sur de la BD ! Parce que oui, l'Olvig consomme énormément de BD ! Sachez le, bonnes gens !

Première découverte de ces dernières semaines : le premier tome de ce qui s'annonce comme une série baptisée "Jour J". Le volume en question s'intitule Les Russes sur la Lune !

L'histoire : en 1969, les américains loupent de peu l'évènement de ce XXème siècle, la mission Appolo 11 échoue son alunissage, Neil Armstrong et consors se retrouvent tués par un projectile spatial... Ce sont les soviétiques qui, quelques semaines plus tard touchent au but... Cette "victoire" de l'URSS engendrera la construction de deux bases lunaires, en activité dans les années 80, l'une ruskoff, l'autre amérloque...
Oui, nul doute à avoir, c'est bien une réécriture totale de l'Histoire à laquelle le lecteur à affaire dans cet album. Fred Duval et Jean-Pierre Pécaud (assistés de Fred Blanchard) se sont amusés, comme bon nombre d'autres auteurs avant eux, a réécrire un moment clé de ce qui fait que le monde est tel qu'il est, aujourd'hui. C'est une écriture assez finaude, d'ailleurs, que celle de ces deux acolytes. Inventant une histoire tellement simple et folle qu'elle semble éminemment plausible, on plonge assez facilement dans cette aventure hors du commun. L'idée de génie de ces auteurs est d'avoir créé un malin parallèle entre les relations Américano-Russes de la Terre et celles de la Lune. Loin du film catastrophe et de l'épopée fantastique, on est dans le "toujours possible si seulement"...Soutenu par le dessin impec de l'excellent (et accessoirement rémois) Philippe Buchet, connu pour la référence du Space Opéra "Sillage ", ce premier tome laisse espéré que Jour J va s'avérer être une série terriblement captivante.


Deuxième petite perle parue ces dernières semaines : Lord of Burger, tome 1 – Le Clos des épices. Si vous connaissez et avez aimé certains mangas tels que "Les Gouttes de Dieu" de Agi et Okimoto ou encore "Le Gourmet solitaire" du maître Jirô Taniguchi, il y a de fortes chances que vous appréciez ce petit bouquin. Bouquin doté de pas moins que quatre auteurs : Christophe Arleston (le mec de toute la filière des machins-choses de Troy) et Audre Alwett pour le scénar... Scénar qui se dépatouille pas trop mal pour tenter de passionner le lecteur en mélant humour, action et gastronomie. Pour le dessin, les deux autres : Balak et Rachel Zimra. Un trait sur la corde raide entre comics et manga. On remarquera que le style est bien griffé du directeur artistique de la bête : Alessandro Barbucci (le mec de Sky Doll).
Ce que ça raconte ? Ben ! Un chef cuisto étoilé meurt(tragiquement???) dans son restaurant parisien. Du coup, ses deux enfants et héritiers à peine adulte, Arthur, employé de fast-food et Ambre, passionnée d'art (martiaux), se retrouvent propulsés directeurs de ce pilier du Guide Rouge...
J'avoue avoir un peu trembler devant le quatrième de couv'. Action et restauration ne me semblaient pas pouvoir faire merveilleusement ménage. Et je dois dire que ça n'est pas franchement une perfection mais que ça se laisse lire sans déplaisir. Un ton qui se prend plutôt pas trop au sérieux, ce qui est tout à l'honneur de ce premier tome. Un style très accessible, pas dégueu. Petit coup de chapeau aux deux coloristes, Andry et Florence Torta, qui ont le don de mettre l'eau à la bouche et de foutre un peps appréciable à l'affaire.


Dans un registre beaucoup plus franco-belge, Charlotte Gainsbourg mon amour de Fabrice Tarrin, dit Le Lémurien comblera les afficionados de la pop culture hantant la mythologie personnelle de chacun. Oui ! Vous n'avez pas ripé sur la ligne d'avant, j'ai bien écrit le Lémurien. Dans la veine de ces auteurs qui animalise les humains façon La Fontaine, Tarrin s'est fait une gueule de Lémurien plutôt croquignolesque et en a fait de même pour tout ces proche. Le « pitch » ! Ah ! Difficile, y en a pas vraiment. Ce sont des moments de vie drolatiques de ce type plus que normal, qui nous ressemble un brin. Il nous raconte comment il a croisé la Miss Gainbourg quand l'un l'autre étaient pratiquement voisins d'école, comment il en était fou amoureux, comment ce béguin a pu générer des trucs qui ont fait ce qu'il est aujourd'hui. C'est bête comme chou et pourtant on se laisse prendre. Ajouter à ça que le bonhomme à un coup de crayon super chouette, tant et si bien que son meilleur pote, un poil irritant, nous apparaît sous l'aspect d'une sorte de croisement entre un vieux clébart et un marsupilami après l'accident : super attachant. Charlotte sous les traits d'une Cannette ultra ressemblante (Si ! Si ! Je vous assure !). Ce type est doué ! Si doué, que je viens de me plongé dans son premier opus, Journal intime d'un Lémurien.

Pour finir, le gros coup de coeur du moment : la série L'Immeuble d'en face, signée Vanyda. Oui, là, je me lache, série complète. Déjà parce qu'elle ne comprend que trois volumes. Et parce qu'ensuite, dés qu'on en lit un, on veut les lire tous.
Vanyda, jeune femme au trait valsant entre BD réaliste et héritage manga d'auteur, nous tire le portrait des habitants d'un petit immeuble parisien. Juste des petits moments, par-ci, par-là. Des bouchées sucrées, salées, acidulées, amères... Paul Auster et Anna Gavalda qui se rencontrent, ils écrivent un chronique comme celle-ci, j'en suis sûr !


Une mère célibataire, Béatrice, enceinte jusqu'aux yeux, un petit garçon à charge, Rémi, côtoient Fabienne et Jacky quadra-quiqua, propriétaire d'un dogue allemand, Gipsy ; ainsi qu'un jeune couple, Claire et Louis, tous deux étudiants. On suit ces gens, simplement. C'est mélancolique, drôle, dramatique, touchant, jamais ordurier, jamais excessif, toujours captivant. C'est frais, tout court. Elle a tout compris de la vie, cette auteure. C'est toujours juste. On a envie d'être un pote des petits jeunes, on aimerait papoter avec la voisine au clebs, on offrirait volontiers notre aide quotidienne à cette charmante jeune maman. On adore être une petite souris dans l'intimité banale de ces gens. Et on en redemande, avec ça.
En plus d'être douée pour raconter, Vanyda se paie le luxe d'avoir des mains en or. Ses dessins, c'est entre l'esquisse, l'estampe, le crobart. Avec une élégance folle, par dessus le marché ! Un bijou !

Bien ! Voilà... Là, vous avez de quoi faire !
Bonne lecture !

(P.S.: Merci aux gentils vendeurs de Bédérama, galerie de l'Etape, à Reims, qui me font découvrir tout ce beau monde !)