mercredi 10 novembre 2010

Dans le petit monde de l'Olvig - L'Intégral Robinson Crusoë à la Comédie de Reims.

Vous me direz que je suis monomaniaque mais je reste sur mon samedi 6 novembre, aujourd'hui encore, pour vous faire part d'une drôle d'expérience vécue à la Comédie de Reims. Je ne sais pas si le but de Ludovic Lagarde, directeur artistique de la scène rémoise depuis l'année dernière, était de combler un temps mort de ce début de saison théâtrale où bien s'il souhaitait juste faire entrer le monde dans son sacro-saint lieu de spectacle mais l'évènement à fait son petit effet. Je parle de la Lecture Intégrale de Robinson Crusoë, le célèbre texte de Daniel Defoe organisée de façon très originale.
L'Igloo d'un lecteur Robinsonnisé...
Pour ceux qui ne connaissent pas ce lieu, il faut savoir que la Comédie de Reims est un établissement de belle envergure, comprenant une grande salle, une petite, un hall gigantesque, un bar, un studio (généralement réservé à quelques petites structures de spectacle) ainsi que des bureaux et d'autres choses que je ne maîtrise pas du simple fait de n'être qu'un spectateur. Le tout est d'une architecture moderne, design, impressionnante pour qui n'est pas coutumier du genre ! Afin de nous offrir le récit de Defoe, cinq lecteurs (tous comédiens du collectif artistique de la Comédie) ont été répartis en trois lieux mais leur voix résonnaient où que nous allions dans le théâtre. Un grosse structure qui s'explique par le fait que plusieurs îlots perdus étaient installés en cet mini planète qu'est le théâtre et qui permettaient de vivre une expérience en forme de petit bout de vacances. Dans la grande salle, des projections de vidéos inspirant l'évasion, le dépaysement, l'aventure. A peine sorti, une sorte d'igloo de survie apparemment habité d'un ou d'une comédienne pose le lecteur en échoué et le spectateur en voyeur. En se dirigeant vers le bar, le spectateur se retrouvait irrémédiablement devant quelques grignotages biologiques mais aussi devant l'escalier qui monte au dernier point de lecture, le studio, organisé tel un salon de relaxation de bord de mer où étaient réunis transats et masseuses aux doux sourires. Enfin, au bar, le visiteur pouvait dégusté des smoothies aux saveurs exotiques et deux petits plats goûteuses.
Voilà pour la description... Après...

Un air de vacances...
La lecture était-elle agréable ? Oui, mais j'avoue qu'une telle lecture est à peine plus utile qu'une musique d'ascenseur ou un disque d'électro gentillette pour apéritif dînatoire chez des amis un brun smarts. Les voix de Valérie Dashwood, Camille Panonacle, Laurent Pointrenaux, Julien Storini et Guillaume Girard (une révélation pour moi, en ce qui concerne ce dernier) sont très agréables, apaisantes, claires et parfois même envoutantes, mais sur la longueur on décroche. Du coup, ces voix résonnaient davantage comme une petite mélodie de boîte à musique, plus que comme une histoire... Mais ce que j'ai adoré, ce sont ces micro-moments de connivences avec les comédiens, en bonne midinette que je suis !

Cela m'a-t-il donné l'envie de relire Defoe ? Pas le moins du monde. Ca ne m'a donné ni le goût de découvrir le reste de son Oeuvre, ni de prolonger la rêverie. Je n'ai pas eu de plaisir intellectuel mais un réel plaisir sensoriel. J'avoue m'être fait la réflexion que ce texte était vraiment didactique, instructif mais que le côté aventure, ben !... Bof ! Passe pas !

La plage de relaxation
Le concept m'a-t-il plu ? Plutôt... Les massages crâniens étaient délectables, les diverses assises confortables, la grande salle plongée dans une pénombre agréable m'a donné l'impression d'être un petit soldat de plomb au fond d'un tiroir molletonné (j'adore l'idée !), les crevettes aux avocats, cacahuète, tomates concassées et petits goût citronné agrémenté d'un verre plein de mangue, de banane ou de cannelle étaient succulents...
Aurais-je envie de revivre un tel évènement ? Ben, mouais, mais j'aimerai une lecture qui me prenne plus aux tripes, un texte qui me touche davantage.

Le recommanderais-je ? Heu ! Pas forcément ! Bien que très surprenant et appréciable, ça me paraît encore un peu élitiste. Preuve en est l'ennui affichés des enfants présents, emmenés par des parents convaincus que Robinson Crusoë était un livre éminemment passionnant... Là, je dis non ! le roman de Defoe est super chaud voire chiant pour des marmots avant 8 ans...

Tout ce que je me permets de souligner, c'est que de telles initiatives sont vraiment rares, osées et inventives (gratuites par dessus le marché, en dehors des restaurations) de la part d'un Théâtre. Monsieur Lagarde, très sincèrement et du fond du coeur, merci du cadeau !!!

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